Origine et histoire de l'Église Saint-Pierre des Chartreux
L'ancienne chartreuse de Toulouse, aujourd'hui église Saint-Pierre des Chartreux, a été commencée en 1602 lorsque la communauté chartreuse s'installa à Toulouse après l'incendie de leur couvent de Saix pendant les guerres de Religion. L'église fut consacrée en 1612 sous le vocable de la Vierge et de saint Paul ermite. L'aspect actuel résulte d'un important chantier achevé en 1787, qui a notamment ajouté une lanterne coiffée d'un dôme entre 1780 et 1787. L'édifice présente un sanctuaire central de plan carré, orné d'un ordre corinthien, dominé par ce dôme, avec à l'est le chœur des religieux et à l'ouest la nef des fidèles. Le chœur des moines est formé d'un vaisseau couvert d'une voûte en berceau plâtrée et conserve une grille et 62 stalles sculptées du XVIIe siècle. La nef des fidèles, plus courte, est précédée d'un narthex et flanquée de trois chapelles de chaque côté, avec une haute rangée de fenêtres sans vitraux au-dessus. Le sanctuaire a globalement conservé son décor ancien, enrichi au XVIIIe siècle par un maître-autel polychrome et des stucs réalisés entre 1780 et 1788 d'après des dessins de François Cammas, exécutés par Jean-Baptiste Julia, avec des anges musiciens attribués à Laurent Montreuil. Le maître-autel, conçu à partir de 1780 et réalisé avec diverses espèces de marbres, est orné des anges couronnant le Saint-Sacrement sculptés par François Lucas, œuvre classée aux monuments historiques ; un ancien retable de 1611 en faisait auparavant partie et se trouve aujourd'hui dans l'église Saint-Bruno de Roquettes. Le portail, qui ouvre non pas directement sur l'église mais sur l'atrium, fut sculpté en 1613 par Antoine Bachelier et Gustave Blanc, avec une intervention d'Artus Legoust en 1616 ; les statues anciennes ont été remplacées par des statues modernes. L'atrium, autrefois espace tampon entre la rue et le couvent, accueille aujourd'hui des activités paroissiales et le monument aux morts. La particularité de l'église tient à sa division en deux nefs séparées par un maître-autel double face, afin d'offrir un espace tant pour les fidèles que pour la communauté monastique, celle-ci ayant dû ouvrir son église au public lors de son implantation urbaine. La chapelle de la Sainte-Croix, aménagée au milieu du XVIIe siècle sous la nef des moines, conserve un ensemble exceptionnel de boiseries et de sculptures sur bois réalisées par Artus Legoust et son atelier au début du XVIIe siècle. Le chœur montre des fresques et panneaux en deux niveaux : scènes de la vie de saint Bruno attribuées à François Fayet, représentations de l'érémitisme chrétien et bas-reliefs en stuc réalisés par Pierre Lucas, certains éléments ayant été ensuite recouverts par l'ajout de l'orgue et de sa tribune au XVIIIe siècle. L'église possède un grand orgue de tribune, classé, provenant des Jacobins et rassemblant des travaux des facteurs Robert Delaunay puis Jean-Esprit Isnard, ainsi qu'un orgue de chœur construit par Jean-Baptiste Puget en 1877. Après la Révolution, le couvent fut supprimé en 1790 et transformé en arsenal et magasin à poudre ; le cloître fut détruit vers 1845 et le site servit encore d'arsenal pendant la Première Guerre mondiale. Il ne subsiste des bâtiments conventuels que l'ancienne pharmacie sur la rue Valade, aujourd'hui presbytère, quelques éléments de l'hôtellerie et une partie du cloître ; une grande partie de la propriété est occupée par l'université Toulouse 1 Capitole, où le grand cloître a été partiellement reconstruit. L'église devint paroissiale en 1792 sous le vocable de saint Pierre et fut intégrée en 2007 dans l'ensemble paroissial de Saint-Sernin comme paroisse étudiante. La chapelle Sainte-Croix a été restaurée en 1973. Après l'explosion de l'usine AZF en 2001, des contreforts ont été ajoutés pour consolider des murs fragilisés ; des fissures superficielles liées à cet épisode sont encore visibles. L'édifice abrite également un carillon manuel de quinze cloches, restauré en 2023 et joué quotidiennement par des étudiants bénévoles ; il a été inauguré par Maël Proudom et le carillonneur responsable depuis 2024 est Corentin Pigout.